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Répondre à un double besoin

L’ouvrage L’énergie des sciences sociales a été publié en 2015 en accès libre sur OpenBook Edition. Il répond au double besoin, de contribuer à forger un agenda scientifique partagé pour les SHS sur les questions d’énergie et de rendre lisible l’actualité de ces travaux pour les communautés extérieures aux sciences sociales.

Ce travail qui comporte une visée interdisciplinaire et de diplomatie scientifique n’existait pas. L’alliance ANCRE peut se prévaloir d’une structuration étoffée des communautés scientifiques sur les questions climat-énergie, mais les sciences humaines et sociales restaient – à l’exception notable de l’économie – , peu visibles dans la diversité de leurs contributions et de leurs apports thématiques.

Processus de travail

Le processus de travail collectif qui a sous-tendu la réalisation de cet ouvrage a été riche d’apprentissages. Initié en 2012, il a constitué une tentative d’assemblage grandeur nature d’approches de sciences humaines et sociales sur les questions climat-énergie, sans référentiel partagé au préalable. Avec le recul, ce temps amont fut précieux car il permit des échanges d’une grande liberté, parfois vifs, par rapport à ceux déployés dans des temporalités plus contraintes (colloque, programme de recherche).

Un abord courant des enjeux contemporains d’énergie s’effectue au travers de questionnements relatifs aux technologies de l’énergie ou de mesures notamment économiques visant à orienter et soutenir leur déploiement. Un premier pas a donc consisté pour ce groupe à ouvrir cette question des enjeux technologiques en définissant la façon dont les sciences sociales peuvent s’en saisir. De nombreux travaux en sciences sociales invitent à aborder la technologie non comme un artefact stabilisé et autonome, mais comme un ensemble socio-technique. Selon cette vue, la technologie existe au travers de ses réseaux (humains, d’artefacts, des savoirs, de pratiques …) ; ses frontières sont mouvantes ; elles sont sujettes à enjeux et controverses. Il en résulte un intérêt pour les processus, les dimensions sociales, spatiales de la technologie, les controverses, les enjeux normatifs, de pouvoir, d’inégalités qu’elle soulève en se déployant. Cet abord a, au demeurant, un grand avantage stratégique : remettre la technologie au cœur de la réflexion, non comme une solution mais comme une interrogation partagée, constitue la meilleure façon de remettre au travail le statut et l’ouverture des agendas technologiques qui convoquent trop souvent les SHS à leur aval.

Cet abord de la technologie a permis de s’entendre autour de quatre problématiques articulées : ‘Visions du futur et scénarios’, ‘Gouvernances des politiques de l’énergie’, ‘Marchés, régulations et modes de consommation’, ‘Territoires et recompositions sociales’. Ces dernières ne sont pas l’apanage d’une discipline. Par exemple, l’étude des ‘visions du futur’ ouvre la voie à des contributions de philosophes, d’historiens, d’économistes, de sociologues, de géographes… Ces problématiques appellent donc un dialogue sur ce que peut être un agenda de recherche interdisciplinaire et un recoupement de leurs approches. Elles ont été conçues comme un ensemble systémique, de façon à encourager l’étude de leurs interactions.

Portée du travail

« L’énergie des sciences sociales » a eu pour finalité de permettre aux sciences humaines et sociales de se positionner et de se rendre lisibles dans le champ des enjeux énergétiques – notamment auprès de la communauté des chercheurs ANCRE, des porteurs de technologies, mais également au sein de la communauté SHS au sens large.

L’ouvrage se veut un outil pour engager un exercice de diplomatie (construction de communauté, interlocution entre communautés scientifiques) : il propose d’engager dans une perspective interdisciplinaire un agenda organisé. Ce processus de structuration repose sur les orientations suivantes :

  • « viser et structurer l’amont » : il est important de structurer des arènes d’interaction qui ne soient pas associées à des projets de recherche et offrent un temps et espace pour construire un langage commun et croiser des agendas de recherche,
  • « procéder progressivement » : les sciences humaines et sociales étant hétérogènes, il est souhaitable de les structurer d’abord en communauté interdisciplinaire, avant d’aborder les coopérations avec les autres sciences,
  • « internationaliser » : il s’agit d’apprendre de la structuration des sciences en interdisciplinarité à l’étranger, qui sont très fortes notamment au Royaume Uni pour ce qui concerne le domaine de l’énergie.


Personnes ayant participé à la réflexion

Coordination :
Olivier Labussière ; Alain Nadaï

Participations :
Pierre Charbonnier ; Patrick Criqui ; Alain Dollet ; Patrick-Paul Duval ; Pierre Fournier ; Claude Gilbert ; Bernd Grambow ; Sandra Laugier ; Elisabeth Le Net ; Catherine Locatelli ; Yannick Régnier ; Sébastien Velut


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